Les jeunes adultes comme objet théorique
- Manon Saelens
- 20 mai
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 juin
Vincenzo CICCHELLI
🧠Comprendre le passage à l’âge adulte : une autonomie en construction
Aujourd’hui, devenir adulte ne se fait plus du jour au lendemain. Fin des études, entrée dans la vie active, départ du foyer familial, mise en couple, parentalité… Ces événements, autrefois perçus comme des jalons clairs vers l’âge adulte, sont désormais vécus de manière plus progressive, plus fluide, et souvent plus complexe.
Dans cet article, je vous propose un éclairage sur ces transitions à partir de recherches en sociologie et psychologie du développement.
🔄 Un passage à l’âge adulte qui n’est plus linéaire
L’idée d’un chemin balisé vers l’indépendance ne tient plus face aux parcours réels des jeunes adultes. La dépendance parentale s’allonge, non par immaturité, mais parce qu’elle offre un cadre de soutien où émergent progressivement autonomie et responsabilité. Ce paradoxe – être à la fois dépendant et en devenir autonome – est au cœur de la jeunesse contemporaine.
⚖️ Trois paradoxes pour penser la jeunesse aujourd’hui
Les chercheurs identifient trois grandes tensions qui structurent le passage à l’âge adulte :
Des catégories d’âge toujours plus précises… aux frontières floues.→ On parle de « jeunes adultes », mais à quel âge cesse-t-on de l’être ?
Des parcours encadrés par des institutions… mais profondément individualisés.→ Chaque trajectoire devient unique, même si les normes restent présentes.
Une attente de maturité… sans réelle indépendance.→ On attend des jeunes qu’ils fassent des choix, qu’ils s’assument, tout en restant souvent dépendants de leur entourage.
🧭 Une perspective historique : les formes d’émancipation ont changé
Autrefois, devenir adulte impliquait un départ clair du foyer, parfois très jeune, pour travailler ou se marier. Avec l’industrialisation, le modèle familial a changé : les jeunes sont restés plus longtemps proches de leurs parents, mais avec plus d’autonomie affective ou résidentielle.
Aujourd’hui, le soutien parental est central dans cette transition : logement, financement des études, aides ponctuelles… Ce n’est pas une régression, mais une nouvelle manière de grandir, plus relationnelle, plus négociée.
🧠 L’autonomie : une norme sociale… et un travail relationnel
Dans nos sociétés, l’autonomie est une injonction : être autonome, c’est réussir. Mais cette autonomie ne signifie pas nécessairement vivre seul ou être indépendant financièrement. Elle est partielle, progressive, contextuelle. On peut :
Être autonome dans ses choix de vie, tout en recevant une aide financière.
Avoir un emploi, mais rester soutenu émotionnellement par sa famille.
Ce que montrent les recherches, c’est que l’autonomie se construit avec les autres, pas contre eux.
🔄 Jeunesse et âge adulte : un dialogue continu
Il est temps de sortir de la logique du "avant/après". L’âge adulte n’est pas une ligne d’arrivée, mais un processus identitaire en constante évolution, fait de responsabilités nouvelles, d’ajustements, parfois de retours en arrière.
Chaque jeune adulte réinvente son propre chemin, entre normes sociales, soutien familial, aspirations personnelles et réalités économiques.
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